Nouvelles importantes de la semaine
Politique
Le marché gazier suit les moindres remous politiques en Ukraine. La Russie a demandé cette semaine aux Etats-Unis et à l'OTAN de donner des garanties écrites sur le fait que l'Ukraine ne rejoindrait jamais l'OTAN. La réponse écrite de l'OTAN a été celle du rejet de la requête, ce qui a déçu la Russie.
Ce matin Monsieur Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, a présenté une conférence auprès de journalistes russes. Il a dit que ce n'était pas juste que lors de la chute de l'URSS un certain nombre de citoyens se soient retrouvés en dehors des frontières de leur propre pays (la Russie).
Lavrov a réitéré de nombreuses fois l'objectif de s'en tenir aux accords de Minsk. Cet accord est si bancal qu'il ne peut pas perdurer.
A la fin, un journaliste lui a demandé s'il y aurait la guerre en Ukraine. Il a répondu "si ça ne tient qu'à la Russie, il n'y aura pas de guerre", puis il a été pris d'un tic gestuel net.
Principaux scénarios
Il y a donc de nombreuses possibilités devant nous qui peuvent conduire à des résultats très différents pour le gaz :
La Russie s'en tient à une incorporation lente et progressive de Donetsk et Luhansk sans se battre et repousse la question de l'OTAN à plus tard, le Nordstream 2 est accepté => baisse des prix du gaz,
La Russie s'étend agressivement sur Donetsk et Luhansk, mais nulle part ailleurs, le Nordstream 2 sera peut-être accepté mais plus tard => scénario neutre pour le gaz,
La Russie prend agressivement un morceau en plus de l'Ukraine allant du Donbass à la Crimée, le NS2 ne sera jamais accepté => scénario haussier durable pour le gaz,
La Russie agresse l'Ukraine, la Chine agresse Taïwan, la Turquie prend un morceau de la Syrie, etc... bref le scénario de reconstitution des empires du 19e siècle => scénario avec récession mondiale.
Ces quatre scénarios sont très possibles. On peut encore penser à un dernier scénario : celui d'un changement d'objectif surprise avec une déposition de Loukachenko en Biélorussie qui arrangerait tout le monde, puis intégration complète de la Biélorussie à la Russie ; le tout quasiment sans affrontement et permettant à tout le monde de "conserver la face".
Flux gaziers
Toujours stables autour de 1200 mcm/j, dont 200+mcm/j de Russie. Les arrivages de LNG continuent d'être élevés. Chine, Inde et Japon continuent d'importer du gaz par bateau à des rythmes bien plus faibles qu'en décembre.

Stockages de gaz en Europe

Prix du gaz spot et forward
Les prix LNG asiatiques ont retrouvé des couleurs face aux prix du gaz européen.

Balances prévisionnelles
Avec cette météo douce pour début février et ces arrivages LNG, cela peut "passer" de justesse pour février.

Electricité en France
Les prix français vont rester aux niveaux des prix italiens et espagnols, c'est-à-dire un prix d'électricité au coût marginal CCGT (gaz). On revient donc de nouveau à la question du gaz et donc à la question de l'Ukraine.
Conclusion
Etant donné le contexte, le plus raisonnable pour la France à la présidence de l'Union Européenne serait de limiter la part de la Russie dans les imports européens à un grand maximum de 30% et de trouver des alternatives afin que nous ne soyons plus jamais dépendants d'une manière aussi extrême.
En attendant une réorganisation du marché du gaz à long terme, tous les scénarios restent possibles en Ukraine.
Comments