Nouvelles importantes de la semaine
Déclin potentiel de la production russe
Il ne s'agit pas d'une "nouvelle" spécifique à cette semaine mais cela peut être utile pour la question de l'embargo européen sur le pétrole russe.
Quand les pays producteurs de pétrole sont sous sanctions comme le Vénézuela, l'Iran et maintenant la Russie, ils sont exposés à deux problèmes principaux pour leur production d'hydrocarbures :
1-la question du débouché : le pays peut-il trouver des clients ?
2-la question de la chaine logistique : de nombreuses entreprises de services pétroliers ne peuvent plus travailler dans ces pays une fois sous sanction. Par conséquent avec toute la casse régulière et normale dans les champs gaziers et pétroliers on peut avoir des champs d'hydrocarbures qui ne peuvent même plus redémarrer après une panne.
Ci-dessous, vous pouvez voir le déclin de la production pétrolière du Vénézuela après sanctions américaines.
Au Vénézuela, on a perdu 20% de production pétrolière tous les 6 mois à la suite des sanctions qui ont commencé en 2017.
Si l'on fait l'hypothèse ambitieuse que la Russie dispose d'une meilleure ingénierie pétrolière que le Vénézuela, on pourrait avoir un déclin un peu moindre mais toujours de l'ordre de 10% à 15% tous les 6 mois.
A ce rythme, on perdrait donc une grande quantité de production pétrolière russe : jusqu'à 3 millions de barils/j dans un an.
Politique en Allemagne
Une bataille de politique interne se joue en Allemagne entre les Gruenen et le FDP : Madame Baerbock contre Monsieur Scholz.
Deux points les opposent :
1-la question de l'embargo contre la Russie : Scholz veut ménager l'industrie allemande et continuer à importer du pétrole russe, pas Madame Baerbock,
2-la question de l'armement : Scholz ne veut pas livrer d'armes lourdes à l'Ukraine, Madame Baerbock si.
Des pressions fortes s'exercent donc sur Scholz :
1-de la part de l'opinion allemande qui en a assez de cette guerre, sachant qu'en plus l'Europe finance un peu cette guerre indirectement (via les hydrocarbures russes),
2-de la part des partenaires politiques de l'Allemagne : des Etats-Unis, peut-être de la France et assurément de la Pologne.
Scholz pourrait être poussé vers la sortie.
Embargo pétrolier et conséquences
Si l'Europe met en place un embargo pétrolier du même montant que le déclin attendu de la production russe, alors l'effet comptable de ces sanctions serait nul pour l'Europe.
L'Europe remplacerait sur le marché mondial les barils perdus, mais ces barils russes ne seront pas vraiment "perdus" puisqu'ils n'auraient pas été produits à cause des sanctions financières déjà existantes.
Cette décision d'embargo pétrolier devrait donc être une décision facile à prendre. La question du volume de pétrole sous sanction potentielle demeure.
Même si l'effet comptable est nul pour l'Europe, l'effet d'annonce d'un embargo pétrolier pourrait être assez haussier pour le pétrole.
Dans tous les cas, Poutine souhaitera surement répondre à cette annonce si elle se produit. Il pourrait répondre aux coupures sur le pétrole par des coupures sur le gaz bien plus difficile à remplacer pour les Européens.
Poutine pourrait organiser des coupures de gaz sous la forme de coupures de 10 jours, le temps de pressuriser les Allemands, sans trop compromettre ses recettes.
Flux gaziers
Une maintenance a commencé sur le pipeline slovaque qui amène le gaz russe vers l'Italie.
Au total, les envois de gaz russe par pipeline sont de nouveau au minimum historique des dernières années.
Stockages gaziers
Nous sommes aux mêmes niveaux de remplissage qu'en 2017 et qu'en 2021.
Prix historiques et forward de gaz
Les prix du LNG en vert sont à une décote forte sur les prix européens, cela indique une demande un peu faible en Asie. Il faut s'attendre à des arrivages de LNG assez importants pour l'été en Europe.
Balances prévisionnelles de gaz
Toujours des déficits prévisionnels anticipés pour l'hiver à température normale.
Electricité en France
De la fraîcheur de nouveau la semaine prochaine.
Cela devrait amener la France, une fois de plus, à être importatrice nette d'électricité la semaine prochaine.
Cette fraîcheur contribuera à maintenir le système énergétique européen sous tension.
Conclusion
Un embargo européen sur le pétrole russe est probable.
Si cela arrive, Poutine répondra probablement par des coupures limitées de gaz de l'ordre de quelques jours.
Comments